Les unités cynophiles : Le Sauvetage en avalanche

Le Service central de formation cynotechnique (SCFC) constitue un véritable creuset d'expérimentation et un conservatoire du savoir faire le plus pointu en matière cynotechnique au Maroc. Il est chargé d'étudier et de tenir à jour les méthodes d'instruction cynotechnique et la doctrine d'emploi dans le but d'assurer la meilleure formation possible.

En effet, depuis sa création en 1975 le SCFC ne cesse de développer les aptitudes multiples dont jouit le magnifique binôme qui est le maître et son chien. A cet égard, on cite à titre d'exemple : la détection des explosifs, la recherche des stupéfiants, le pistage et la défense, la détection du sang humain, la conduite des non voyant et le sauvetage en avalanche.
Concernant cette dernière mission, elle se déroule, dans la majorité des cas, dans ces immenses espaces de liberté, de plein air, de randonnée et de plaisir; mais qui ne doivent pas non plus nous faire oublier que la montagne est un monde à risque. Il s'agit là en effet, d' un milieu difficilement prévisible et potentiellement dangereux en raison des risques d'avalanche, des éboulements et des chutes de pierres; ou encore de la présence de crevasses, de précipices, de falaises, de pentes  abruptes ou de sentiers vertigineux pouvant occasionner des chutes. Sans oublier les changements rapides de températures avec des risques de vent et d'orage violents Mais, même si l'on s'ingénie à prévenir ces intempéries, et à respecter scrupuleusement les règles élémentaires de sécurité, on ne peut être, continuellement à l'abri d'une erreur ou d'une défaillance humaine soit-elle ou matérielle.
Par conséquent, pour faire face à ces dangers, un ensemble de moyens est mis en oeuvre pour porter secours aux victimes d'accidents en montagne, parmi lesquels on cite particulièrement les équipes cynophiles du sauvetage en avalanche.
Dès lors, il serait judicieux de jeter un aperçu d'une part sur l'avalanche et d'autre part sur l'action de la Gendarmerie Royale face à ce phénomène.

QU' EST-CE QU'UNE AVALANCHE ?

C'est une masse de neige qui se détache et dévale un versant de montagne, suite à l'instabilité du manteau neigeux, à un impact ou encore à une surcharge ponctuelle. Il existe trois types d'avalanches: l'avalanche de neige poudreuse, de plaque et de neige humide :
Avalanche de neige poudreuse
C'est un mélange de neige et d'air. Elle survient pendant la chute de neige ou peu après. Lorsque l'inclinaison et la longueur du versant sont suffisantes, un aérosol de neige va se former. II va coller le long de la pente en formant des rouleaux à axes horizontaux, la vitesse atteint facilement les deux cents (200) Kilomètres à l'heure ! Les avalanches de neige poudreuses sont freinées par l'air et non par les reliefs. A l'avant l'air est mis en vitesse. En général ces avalanches ne concernent que la couche supérieure du manteau neigeux et ne forment qu'un dépôt de faible volume.
Avalanche de plaque
Elle résulte de la rupture d'une strate du manteau neigeux Constituée de neige relativement dense (dépôt dû au vent le plus souvent), reposant sur une sous-couche sans cohésion. La cohésion de cette strate entraîne une fracture qui peut se propager sur plusieurs centaines de mètres.
L'épaisseur de ces strates peut atteindre plusieurs mètres, et peut y avoir formation d'un aérosol. Mais le plus souvent la plaque glisse en blocs de tailles variables à une vitesse pouvant dépasser les cents Kilomètres à l'heure.

Avalanche de neige humide
Elle survient lors d'un redoux hivernal (avec ou sans précipitations), au printemps, elle est comparable à un écoulement  torrentiel. Sa trajectoire est guidée par le relief. Sa vitesse est de l'ordre de soixante Kilomètres à l'heure. Mais elle exerce des pressions considérables qui peuvent intéresser la totalité du manteau neigeux lorsque celui-ci est déstabilisé jusqu'à sa base.
A cet égard, Chaque année, de nombreuses personnes sont tuées par des avalanches, le plus souvent lors du ski hors piste ou lors de randonnées en montagne. Une grande expérience de la montagne hivernale diminue notablement le niveau de risque, mais ne l'annule malheureusement jamais.

FORMATION ET SAUVETAGE

A côté des méthodes actuelles destinées à la recherche des victimes d'avalanche, il y a l'ARVA (Appareil de Recherche de Victimes d'Avalanche) Il s'agit d'une sonde qui est utilisée par les équipes cynophiles et qui jouit d'une place de premier ordre dans ce domaine.

En effet, la première utilisation de cet instrument date de la seconde guerre mondiale, en Grande - Bretagne où il fut employé pour retrouver les personnes ensevelies dans les décombres après les bombardements. Bien avant cette sonde, il y avait le Berger Allemand (chien sanitaire) qui permettait de retrouver les blessés après un engagement militaire.
A partir de 1954, les Etats - Unis, l'Allemagne de l'ouest et la Suisse, commencèrent à mettre en place des formations modernes. A l'instar des services de sécurité de ces pays, le Service Central de Formation Cynotechnique de la Gendarmerie Royale a créé en Janvier 2006 des équipes cynophiles de sauvetage en avalanche.

Et, afin que le maître-chien soit capable de conduire un chien opérationnel en tout lieu, à toute heure et en toute circonstance pour un secours en avalanche, une formation adéquate est organisée par le SCFC, à savoir le ski et l'escalade basée essentiellement sur des travaux pratiques avec les chiens sur les montagnes neigeuses de Michlifene.
Il faut souligner que le maître chien d'avalanche doit être très motivé et capable de se déplacer partout en montagne avec son chien et pratiquer le ski et l'escalade; il doit en outre être apte à conduire une opération et avoir une très bonne connaissance de la neige et du milieu montagneux. Il doit en plus pouvoir s'adapter à l'ambiance particulière du secours, à savoir le respect de l'organisation et le travail en équipe.

En conclusion, devenir Maître chien d'avalanche est avant tout une passion.... Une passion du chien une passion de la montagne.
Depuis la nuit des temps, le chien, quelque soit sa race, est considéré par l'homme comme son meilleur compagnon. Fidèle, intelligent et affectueux, il a su se faire une place aussi bien dans son foyer que dans son coeur. Au fil des jours, cette amitié s'est transformée en véritable complicité que l'homme a su investir pour améliorer sa propre sécurité: assistance aux non voyants, protection rapprochée, défense, secours, pistage…
  

Source: (La Revue de la Gendarmerie Royale, N° 5 Avril 2004)